Ce débat philosophique virtuel en cours de création réunit des participants connus et inconnus, anciens et contemporains. Si vous souhaitez y participer, envoyez-moi vos interventions ou vos propositions d'extraits de textes à jacquesbailhache@minitel.net. S'il s'agit d'une réponse à une autre intervention, vous pouvez indiquer son numéro. Si vous avez un site web, vous pouvez aussi y copier cette page en y ajoutant vos interventions.
Procédant par une exposition directe de ce concept du concept, mobilisant un virtuel qui n'est pas moins réel que l'actuel (un plan d'immanence radical, sans commune mesure avec le jeu de la présence et de l'ab-sence heideggeriennes), tout se passe comme si Deleuze achevait la course de la phénoménologie en libérant le radicalisme de son départ (husserlien) de ses contraintes législatives. Mais on ne voit plus dès lors pourquoi les essences vagues devraient constituer les linéaments d'une « protogéométrie », sauf à maintenir le primat constituant de la science royale sur la philosophie ; ni pourquoi coincer les singularités eidétiques dans une position d'intermédiaire entre l'essence et le sensible, s'il s'agit de penser l'être du sensible dans l'hétérogenèse de la pensée, et réciproquement, et qu'« il n'est donc d'"intermédiaire" que dans la mesure où l'intermédiaire est autonome, s'étend d'abord lui-même entre les choses, et entre les pensées... », sous forme d'un flux multidimensionnel et impersonnel auquel l'identité du sujet, fût-ce dans la projection d'un vécu, a dû céder le pas100 quand toute la matière devient expressive sur fond obscur d'animalité enveloppante et globale, selon l'expression d'Alain Badiou. Deleuze développe ainsi une manière d'onto-éthologie pour en finir avec Dieu et avec le jugement de ses tenants-lieu. Nul besoin dès lors de rapporter l'art à une identité d'origine qui « donne » l'être de la sensation : à rendre sensible la Vie dans ses « zones d'indétermination », l'oeuvre d'art nous enjoint plutôt de libérer la vie partout où elle est prisonnière. Ce qui constitue comme la version « sauvage » d'une esthétique transcendantale dont le réquisit serait fourni par l'idée sensible d'une indiscernabilité matérielle entre l'art et la vie.
C'est ainsi qu'à la phénoménologie de l'art comme dernière étape de la phénoménologie se substitue une méta-esthétique matérielle comme nouveau commencement de l'ontologie rendu possible par l'im-possibilité d'une phénoménologie dont on retient la radicalité du départ.
Un renouveau de cette question semble dû à la théorie darwinienne de l'évolution bien qu'Eccles (Eccles 1992) se demande à ce sujet comment des organismes vivants ont acquis des expériences mentales -- non matérielles -- dans un monde autre que celui qui contenait alors tout ce qui existait ? (" Conscience : "le cadavre dans le placard" de l'orthodoxie évolutionniste "). D'un autre côté, le matérialisme orthodoxe (il n'y a pas d'esprit sans corps, sur lequel seules des entités physiques peuvent agir) débouche inévitablement sur la conclusion que l'homme est analogue à une machine. Les problèmes essentiels que pose cette conception sont alors d'expliquer les sentiments, la conscience et le libre arbitre en se fondant uniquement sur les lois de la physique classique.
Pylyshyn (Pylyshyn 1984) -- suivi par (Eckardt 1993) -- tente de fonder la science cognitive comme le domaine des perceptions et des connaissances avec un niveau de représentation où l'on fait abstraction des facteurs sociaux et des aspects émotionnels (ce cognitivisme classique est clairement explicité dans (Gardner 1985)). Ces hypothèses ont suscité des réactions hostiles et diverses remises en cause : Edelman (Edelman 1992) argumente violemment à propos des affirmations non prouvées sur la structure du monde et les mécanismes de catégorisation que ces hypothèses supposent ; il se fonde en particulier sur (Rosch 1975, Rosch 1977) qui avait montré que le monde n'est pas structuré en catégories classiques, catégories que nos perceptions nous indiqueraient telles quelles. Par ailleurs, Searle (Searle 1992) estime scandaleux qu'une science qui se veut étudier l'esprit ignore les aspects liés à la conscience.
Ainsi, la Science Cognitive, vue comme la science de l'esprit, ne peut négliger les facteurs sociaux, les aspects émotionnels et la conscience. Divers livres, sortis au début des années quatre-vingt-dix (Edelman, Rosenfield, Dennett, Varela et d'autres), se fondent sur l'idée commune que divers signes, biologiques et psychologiques, indiquent non seulement qu'une meilleure compréhension de la conscience est possible, mais qu'elle est nécessaire pour la compréhension de la cognition en général.
Mais le modèle de l'univers élaboré par notre civilisation nous apprend que notre corps est une colonie de cellules. Les êtres vivants pluricellulaires sont apparus ainsi : des êtres unicellulaires indépendants se sont regroupés en colonies, se sont agglutinés pour former un corps pluricellulaire, et les différentes cellules se sont spécialisées dans une fonction particulière dépendant de leur emplacement dans le corps, donnant ainsi naissance aux différents organes. Mais nous restons une colonie de cellules, et notre cerveau une colonie de neurones.
L'impression que nous pouvons avoir de former un tout indivisible provient de l'énorme écart existant entre la forte connectivité interne permettant des échanges d'informations très importants entre nos cellules (et plus particulièrement les neurones) et la relativemment faible connectivité externe qui limite l'importance des échanges d'informations avec notre environnement.
Cerveau certes, mais pourquoi quantique ? La théorie quantique autorise la manipulation d'objets assez curieux, susceptibles d'être à la fois dans deux états comme dans l'exemple fameux du chat de Schrödinger (lire l'encadré p. 74), à la fois mort ET vivant. Ce n'est que lors d'un processus d'observation ou de mesure qu'un seul des deux états subsiste : chat mort OU vivant, dans notre exemple. De même, la tubuline possède deux états qui se distinguent par des conformations spatiales différentes. Le modèle de Penrose décrit alors la préconscience comme une superposition d'états quantiques codée dans les molécules de la tubuline. Comme suspendues dans l'air, des idées ou des sensations y sont inscrites : " Je me sens bien ", " je me sens fatigué ", " je me sens ailleurs "... Et soudain, dans un mécanisme quantique dit de réduction du paquet d'ondes, une seule de ces pistes émerge : " Je me sens las. " C'est la conscience !
" Vous avez besoin de ces effets quantiques pour expliquer des aspects énigmatiques de la conscience comme la libre volonté ou la transition du processus de préconscience vers celui de la conscience ", explique Stuart Hameroff, médecin anesthésiste à l'université d'Arizona (Etats-Unis) et collaborateur de Roger Penrose. Ce porte-parole du cerveau quantique, que l'on dit aussi à l'aise avec les philosophes qu'avec les mathématiciens ou les physiciens, a donc vu d'un mauvais il la récente attaque contre son modèle, menée par Max Tegmark, un physicien de l'université de Pennsylvanie. Au début de cette année, celui-ci en a contesté la validité en calculant le temps durant lequel la superposition préconsciente est maintenue. En effet, si la mécanique quantique autorise bien ces superpositions rocambolesques, elle en fixe aussi les limites. Notamment leur fragilité. A la moindre perturbation, au moindre échange avec l'extérieur, tout s'écroule. Or, cela va très vite, trop vite même par rapport à ce qu'on sait de la vitesse de réponse des neurones. Le verdict de Tegmark est clair : en dix mille milliardièmes de seconde, le pont suspendu où circulent nos idées s'écroule.
Exit le cerveau quantique ? Non, car Stuart Hameroff devrait bientôt publier dans la même revue que Tegmark une réponse cinglante. Il balaie les arguments adverses en pointant des erreurs de calcul, une mauvaise compréhension de leur modèle et en ajoutant des processus censés protéger de la décohérence, ce phénomène qui détruit les superpositions quantiques. Après de nouveaux calculs, les dix milliardièmes de seconde deviennent des millionièmes, sans doute suffisants pour accommoder notre cerveau à la sauce quantique. Jack Tuszynski, physicien au Starlab de Bruxelles et cosignataire de la réponse de Hameroff, explique comment la tubuline se protégerait de la décohérence malgré l'environnement hostile : " Bien des pistes existent. Par exemple, il est possible qu'un comportement collectif des molécules de tubuline réduise le temps de décohérence. Ou encore, les molécules d'eau à la surface de la protéine agiraient comme un bouclier de glace autour des molécules de tubuline. "
De son côté, Dick Bierman, physicien au Starlab, explore la piste expérimentale. Ce fameux temps, il va le mesurer ! On n'est jamais mieux servi que par soi-même, c'est donc en éclairant son propre il avec un laser qu'il espère trouver la réponse. Il ne sera pas au bout de ses peines car un autre point faible apparaît dans le modèle, encore à cause de la mécanique quantique. Comment en effet caractériser la réduction du paquet d'ondes, qui fait passer de la préconscience à la conscience ? Roger Penrose a bien sûr la réponse. Une réponse qui s'inspire de son travail avec Stephen Hawking sur les trous noirs : la gravitation quantique. Le cerveau préconscient construirait et manipulerait ses états de superposition jusqu'à un seuil au-delà duquel l'effondrement aurait lieu.
L'introduction de la gravitation surprend, surtout avec des objets si légers que les protéines et alors que règnent des forces électromagnétiques très inten-ses. Le cerveau quantique reste un mystère. Même si Max Tegmark n'a pas encore répliqué aux arguments des défenseurs de ce modèle, il lui reconnaît des vertus : " C'est le seul avec lequel on puisse travailler et faire des calculs. "
A partir de cet échange d'informations, nous construisons une représentation mentale de ce monde extérieur. Ainsi, par exemple, l'enfant examinant les souvenirs qu'il a en mémoire constate que chaque fois qu'il soulève un objet et le lâche, il l'a vu se déplacer vers le bas. Il en déduit que les objets ont spontanément tendance à aller vers le bas. Ainsi il introduit dans sa représentation mentale du monde le concept de force de gravité. De même le physicien poursuit cette représentation mentale de façon plus précise et quantitative, en constatant que cet objet décrit une trajectoire d'équation z = 1/2 g t² z0. Ainsi il construit ce qu'il appelle les lois de la physique mais qui ne sont en fait que des modèles mathématiques décrivant des approximations de plus en plus précises de la réalité, mais toujours approximatives et limitées à un domaine de validité lié au domaine de conditions expérimentales à partir desquelles la théorie a été construite.
Les régularités de nos perceptions nous apparaissent avec une telle force qu'on en oublie que nous ne percevons que des perceptions, que l'univers physique, l'espace, le temps, la matière... ne sont que des constructions mentales.
Dit autrement, les hypothèses en question nous forcent d'extraire une théorie du réel à partir d'une théorie de la conscience. Les trois hypothèses philosophiques postulées sont les suivantes :
Le résultat principal peut se résumer avec la proposition principale:
où COMP, désigne le mot "computationnalisme", et est le nom choisi pour l'ensemble des trois hypothèses prises simultanément. Du point de vue ontologique on va inéluctablement rencontrer une forme d'idéalisme, ou d'immatérialisme, de type Pythagoricien : tout est nombre ou relation entre nombres. Ceci va à l'encontre d'un préjugé largement répandu selon lequel le mécanisme est d'office une position matérialiste. Pour ce résumé, je vais me contenter d'expliciter les hypothèses et je vais donner un très brève idée de la démonstration de la proposition principale. Hypothèses
Brève idée de la démonstration L'hypothèse du mécanisme rend le sujet en principe duplicable. En utilisant alors des expériences par la pensée de type déductives je montre que le mécanisme entraîne une forme d'indéterminisme phénoménal (privé, intime, psychologique). Je considère alors un programme capable d'émuler l'activité de tous les programmes possibles. On peut dériver l'existence d'un tel programme, que j'appelle "déployeur universel" au moyen de la thèse de Church. Je montre que si un déployeur universel devait être concrètement exécuté dans notre univers physique, alors il n'est plus possible de justifier nos croyances dans les lois de la physique à partir des lois de la physique. On est amené a réduire le problème du corps et de l'esprit à la justification de nos croyances dans les lois de la physique à partir de l'existence d'une mesure de probabilité intrinsèque définie sur l'ensemble de toutes les histoires computationnelles parcourues par le déployeur universel. A ce stade on pourrait penser que j'ai seulement démontrer que notre univers physique est "trop petit" que pour supporter l'exécution concrète d'un déployeur universel. Je propose alors une expérience par la pensée plus fine montrant que ce mouvement est interdit. Même si aucun déployeur concret n'est exécuté, le mécanisme exige de rendre compte de l'apparence des lois de la physique a partir de l'informatique théorique. Cette demonstration permet finalement d'extraire une partie substancielle de la mécanique quantique à partir de l'informatique théorique.
Selon cette hypothèse, chaque fois qu'un choix est possible, l'univers se sépare en plusieurs univers parallèles, un pour chaque choix possible. Donc, la notion même de choix est illusoire. Supposons par exemple que je puisse choisir entre A et B et que je choisisse A. En fait c'est seulement dans ce monde-ci que j'ai choisi A. Dans l'autre univers parallèle, j'ai ou plutòt mon double a choisi B. J'ai l'impression que c'est ce monde-ci qui est réel et que l'autre n'est qu'hypothétique, mais mon double a l'impression que c'est son monde qui est réel et le mien hypothétique. En fait dans l'absolu tous les mondes sont aussi réels.
On pourrait alors concevoir que l'arborescence de tous les mondes possibles soit entièrement prédéterminée, et que nous avons une impression de libre arbitre, qui viendrait du fait que nous ne percevons qu'une des ramifications de cette arborescence, et cette ramification que nous percevons n'est pas prédéterminée.
L'hypothèse des mondes multiples permet d'imaginer qu'il existe une infinité d'univers, un pour chaque ensemble de lois physiques possible et imaginable. Dans la plupart de ces univers aucune vie évoluée ne pourrait y apparaitree, et il n'y aurait donc personne pour se poser ce genre de questions. Dans les quelques rares univers propices à l'apparition d'une vie évoluée, des êtres intelligents se demanderaient par quel miracle les lois de la physique sont exactement les bonnes pour qu'ils puissent exister. Cette hypothèse permet ainsi d'expliquer le principe anthropique.
Selon cette hypothèse, l'existence d'une infinité de modèles mathématiques infinis entrainerait donc l'existence d'une infinité d'univers parallèles. On peut supposer que parmi cette infinité, une partie des modèles et univers correspondant sont suffisamment proches pour que la différence ne soit pas perceptible. On pourrait donc dire que nous existons à la fois dans tous ces univers. Mais il se peut (par "effet papillon") qu'à un instant ultérieur, les différences deviennent perceptibles. Il se produirait alors une "ramification" de ce "faisceau" d'univers. On rejoint ainsi l'hypothèse des mondes multiples proposée pour expliquer la collapse de la fonction d'onde en physique quantique. Selon cette hypothèse, si la position d'une certaine particule est décrite de façon probabiliste par une fonction d'onde, et qu'on effectue une observation qui donne pour résultat une position précise, provoquant ainsi l'effondrement de la fonction d'onde, il se produirait en fait une "ramification" de l'univers, et la particule occuperait des positions différentes dans les différents univers résultant de cette ramification. Selon la théorie de la ramification du faisceau d'univers, les univers seraient en fait déja virtuellement séparés avant l'observation, mais cette séparation ne deviendrait perceptible qu'après. On rejoint ainsi également la théorie selon laquelle l'indéterminisme apparent de la physique quantique serait dû au fait que celle-ci ne décrit pas la réalité ultime mais n'est en fait qu'une approximation. Mais on peut supposer que même si on découvrait une théorie plus précise, elle ne serait toujours qu'une approximation, et donc qu'il subsisterait toujours une indétermination, qu'on pourrait lever avec une théorie plus précise, mais qui ne serait encore qu'une approximation, et ainsi de suite à l'infini.
La ramification des faisceaux d'univers apporte un éclairage nouveau sur l'esprit, le non-déterminisme, la percetion et le libre arbitre.
Pour un esprit donné d'un univers donné, à un instant donné si le temps existe dans cet univers, il peut exister plusieurs modèles mathématiques infinis compatibles avec l'état perceptif de cet esprit, la compatibilité pouvant être plus ou moins exacte, l'incompatibilité pouvant ne pas apparaitre si le degré de précision est insuffisant. On peut donc associer à cet esprit un ensemble flou de théories mathématiques infinies. Dans tous les univers correspondants, cet esprit percevra à peu près le même état. On peut donc dire que cet esprit coexiste dans tous ces univers.
Soit X l'esprit d'un individu vivant dans plusieurs univers d'un ensemble E.
Considérons le cas où à un instant t l'état perceptif de l'esprit X est le même pour tous les univers de l'ensemble E, mais à un instant t' ultérieur, il n'est plus le même. On peut alors effectuer une partition de E en E1, E2, E3... En tels que dans chaque Ei l'état de l'esprit X soit le même pour tous les univers de Ei. On peut se représenter visuellement cette situation par un faisceau de fils représentant E, qui se ramifierait en plusieurs faisceaux représentant E1, E2, ... , En; chaque fil représentant un univers, c'est-à-dire une théorie mathématique infinie.
Cette théorie rejoint à la fois celle des mondes multiples avec ramification et celle selon laquelle l'indéterminisme en physique quantique est dû au fait que cette théorie n'est qu'une approximation, et qu'il existe un niveau sous-jacent dans lequel l'indétermination est levée. Mais même si on formulait une théorie finie plus précise, une indétermination pourra toujours subsister dans cette théorie, cette indétermination pouvant être en partie levée par une théorie plus précise, et ainsi de suite à l'infini.
L'esprit X aura l'impression que à l'instant t, il y a n potentialités d'évolution, et à l'instant t', dans chaque "branche" Ei, l'esprit Xi correspondant aura l'impression qu'un choix a été fait, que seule la potentialité i a été retenue, à l'exclusion des n-1 autres, car pour lui les n-1 autres branches sont devenues totalement inaccessibles. Mais en fait, aucun choix n'a véritablement été fait, car dans une autre branche Ei l'esprit Xj aura eu l'impression que c'est la potentialité j qui s'est réalisée. Donc, dans l'absolu il n'y a pas véritablement de choix, toutes les potentialités étant réalisées "en parallèle", mais dans chaquez branche l'esprit a l'impression que la potentialité corespondante a été choisie. Suivant le cas, ce choix lui apparaitra soit comme une perception sensorielle, soit comme une action résultant de l'exercice du libre arbitre.
L'esprit résulte d'une imbrication infinie. En s'arrêtant à un certain niveau d'approximation, les lois sont probabilistes. Considérons une bifurcation, une ramification du faisceau d'univers où au départ la différence serait localisée à un endroit précis de l'univers, cette différence pouvant éventuellement se propager par la suite. Si au niveau d'approximation considéré, la différence apparait comme résultant du non-déterminisme appliqué à un élément constitutif d'un être vivant, cet être vivant aura le sentiment d'agir sous la direction de son libre arbitre. Sinon, il aura le sentiment d'une perception sensorielle extérieure. La distinction peut donc dépendre du niveau d'approximation considéré. La bifurcation sera toujours perçue comme action déterminée par le libre arbitre si elle est perçue comme telle à tous les niveaux d'approximation, et c'est d'ailleurs le seul cas où l'on peut considérer qu'il y a véritablementy sentiment de libre arbitre dans l'absolu.
A un niveau de précision donné, on peut représenter un être vivant par une structure incluant des "unités spirituelles" considérées à ce niveau d'approximation comme "sans lois" car on ne rentre pas dans le détail de leur structure interne; on les considère comme des entités spirituelles dotées de conscience, de perceptions et de libre arbitre. Suivant le niveau d'approximation, ces unités spirituelles pourront être l'individu tout entier, le cerveau, le neurone, la molécule, l'atome, la particule... Par exemple, si on s'arrête au niveau de l'undividu' les battements de coeur sont considérés comme libre arbitre, mais au niveau des neurones ils apparaissent comme perception.
Considérons un univers tel que le nòtre, où vivent plusieurs êtres vivants ayant un sentiment d'individualité, à un instant donné les faisceaux d'univers correspondant à ces différents individus ne seront pas forcément les mêmes. Le faisceau d'univers correspondant à un groupe d'individus sera l'intersection des faisceaux des individus.
La théorie des univers mathématiques permet de réconcilier d'un certain point de vue les partisans du déterminisme et ceux du libre arbitre. En effet, si on considère globalement tous les univers et leurs ramifications, tout est régi par des lois déterministes. Et même en ne considérant qu'un seul univers, les lois qui le régissent, dans l'absolu infini (et non pas les approximations finies que constituent les théories physiques) sont déterministes.
Mais d'autre part, en ce qui concerne notre perception du monde, qui seule nous concerne directement, nous ne sommes concernés que par notre univers, ou le faisceau d'univers restant "lié" à lui. Lors d'une bifurcation, tout se passe comme si nous choisissions l'une des branches. D'autre part, quel que soit le niveau de précision (d'approximation) considéré, il restera toujours une part d'indétermination, d'inconnu. Donc le point de vue du libre arbitre est également justifié.
On peut dire plus précisément que l'exercice du libre arbitre par un être vivant consiste à choisir un sous-ensemble de théories mathématiques infinies, ou d'univers, parmi l'ensemble des théories compatibles, l'instant considéré, avec l'état de l'esprit de cet être vivant. On peut également considérer le libre arbitre comme l'observation par l'esprit de son propre choix.
Dissymétrie-mentale. Notre esprit est construit pour une emprise précise sur les objets mais affligé d'une cécité absolue sur les sujets (à l'exception de lui-même).